La société "Maurel et Prom",
spécialisée dans la distribution et la commercialisation
des hydrocarbures sera bientôt au Togo, a annoncé
vendredi à Lomé, le président du directoire de cette
Unité Jean François Hénin (photo). Créé en 1827 au
Sénégal, "Maurel et Prom" est présente depuis la fin des
années 1990 dans toutes les opérations de mines et de
pétrole, notamment au
Congo-Brazzaville.
"Le premier objectif de notre visite à
Lomé est de voir comment notre société pourrait
participer au développement du Togo, dans le
domaine des hydrocarbures et peut-être aussi dans celui
des phosphates", a déclaré Jean François Hénin à l'issue
d'un entretien avec le président togolais Gnassingbé
Eyadéma.
"Tout ceci se passe au moment où
le Togo s'ouvre à nouveau à l'Europe et je pense que
c'est très favorable parce que cela donne plus confiance
aux investisseurs étrangers", a ajouté
M.Hénin.
Maurel & Prom est une société très
ancienne, spécialisée au XIXe siècle dans l'affrètement
de navires et le commerce avec les colonies françaises.
A l'aube du troisième millénaire, la société a amorcé un
tournant stratégique en faisant le choix de la
production et de l'exploration pétrolière. Aujourd'hui,
dotée de réserves globales prouvées et probables de 98
Mb, Maurel et Prom est entrée dans le cercle très
restreint des dix sociétés pétrolières de taille moyenne
côtées en bourse en Europe. Elle est active sur le
continent, notamment en Afrique centrale.
La réussite de Maurel & Prom,
véritable sa start-up pétrolière prouve une fois de plus
la virtuosité en affaires de Jean-François Hénin
l’ancien patron d’Altus surnommé aussi le « Mozart
de la finance ».
« Je me suis toujours intéressé
au pétrole en tant qu’homme de marché », explique celui
qui, avant de sombrer dans les déboires d’Altus et de
l’affaire Executive Life, a longtemps été un virtuose de
la gestion du risque de change. Ce catholique austère
est réputé pour sa capacité à prévoir les enjeux majeurs
sur le plan macro-économique et, une fois son opinion
faite, à toujours investir à contre-courant. Puis à ne
jamais lâcher malgré le danger de tout perdre. «
Si on n’accepte pas le risque
d’encaisser des échecs, on ne peut pas avoir de succès »
, déclare celui qui se reconnaît volontiers « dans ces
Gaulois qui ne redoutaient pas que le ciel leur tombe
sur la tête ».
Alors, dans le pétrole comme ailleurs,
« il a acheté à contre-cycle quand la tendance était à
la baisse du prix du pétrole. Il s’est développé au
meilleur moment quand le baril valait moins de 20
dollars », reconnaît Marc Sengès, son banquier de
Natexis, le premier financier à lui avoir fait
confiance. « J’ai progressivement adhéré à l’idée que
les ressources en hydrocarbures étaient limitées, qu’il
y avait à peine entre quarante et cinquante ans de
réserves localisées dans des zones instables.
Simplement, à cause de la hausse brutale de la demande
pétrolière chinoise et indienne, les prix du baril se
sont envolés plus vite et plus fort que prévu »,
explique Jean-François Hénin.
C’est parce que Michel Perret, un ami
d’enfance devenu foreur dans une major du secteur, lui
explique les fortunes à faire en se glissant dans la
niche des petites sociétés pétrolières que l’homme de
marché se met pour la première fois à raisonner en
industriel. Il commence donc par récupérer des gisements
africains délaissés par Elf parce que insuffisamment
rentables.
La production lui permettra ensuite de
financer l’exploration en « zone mature », en Afrique
(au Gabon notamment) comme à Cuba. Dans le même temps,
il profite des mouvements de concentration dans le
secteur pour récupérer une bonne centaine d’ingénieurs
qui désormais assurent la production sur l’ensemble de
la chaîne. Conséquence : le prix de revient du baril de
pétrole produit par Maurel & Prom oscille entre 4 et
6 dollars, là où celui des majors avoisine 8 dollars. Le
pactole assuré au moment où le prix du baril dépasse les
40 dollars.
Mais, surtout, ce sorcier de l’or noir
a réussi le plus difficile : reconnaître ses limites et
tirer les leçons de ses échecs passés. Piètre manager,
Jean-François Hénin accepte ainsi, il y a trois ans, de
confier la direction opérationnelle de Maurel & Prom
à Frédéric Boulet, alors directeur du développement de
l’Institut français du pétrole. Bien que tout les sépare
– l’âge, la culture, les réseaux –, les deux hommes
forment un tandem d’une efficacité redoutable. Le flair
et la réactivité du premier alliés à la rigueur et à la
légitimité industrielle du second ont donné corps à
l’une des plus belles histoires de business de ces
dernières années.
Souhaitons que l’économie togolaise en
tire désormais profit.
Maurel & Prom en
chiffres
Chiffre d’affaires 45 millions d’euros
en 2003, 140 millions prévus en 2004
Résultat net 24 millions d’euros en
2003, 65 millions prévus en 2004
1 milliard d’euros de capitalisation
300 employés
20 000 barils produits par jour
279 millions de barils en réserves
prouvées probables (271 millions de barils jugés
possibles)
L’exploitation est répartie à 96 % au
Congo, 4 % à Cuba
Sur le
Web