QUITO (Reuters) - Le ministre équatorien de la Défense, Solon Espinoza,
a démissionné vendredi sur fond de manifestations qui ont paralysé la
production pétrolière d'Equateur et vont obliger le pays à emprunter du
brut au Venezuela pour maintenir son niveau d'exportation.
D'importantes manifestations ont éclaté dans deux provinces d'Amazonie,
dans l'est de l'Equateur, obligeant la compagnie pétrolière nationale du
pays, Petroecuador, à interrompre sa production jeudi. Cette interruption
a entraîné une hausse de 3,5% des cours du brut à New York.
L'Equateur est le cinquième producteur de pétrole d'Amérique du Sud et
le deuxième fournisseur de brut des Etats-Unis, derrière le
Venezuela.
Le pays va devoir solliciter un prêt de 400 millions de dollars auprès
du Fonds de réserve de l'Amérique latine pour prévenir tout déséquilibre
dans sa balance des paiements et importer pour 140 millions de dollars de
pétrole, a annoncé vendredi la ministre de l'Economie, Magdalena Barreiro.
Le président équatorien Alfredo Palacio a décrété mercredi l'état
d'urgence dans les provinces de Sucumbios et d'Orellana, où les
manifestants ont commencé lundi à envahir des champs de pétrole, à saboter
des équipements et à bloquer des autoroutes.
Mais la crise, la plus grave traversée par Palacio depuis sa prise de
fonction en avril, s'est encore aggravée vendredi avec la démission du
ministre de la Défense, à la demande du chef de l'Etat, qui lui reproche
son laxisme face aux manifestants, a souligné la présidence.
Le ministère de la Défense a été confié à un général retraité, Osvaldo
Jarrin, ont ajouté les collaborateurs de Palacio.
L'EQUATEUR VA EMPRUNTER DU PETROLE AU VENEZUELA
Les manifestants de Sucumbios et d'Orellana exigent que les compagnies
étrangères présentes dans la région financent des projets
d'infrastructures et embauchent des salariés locaux.
Ils demandent aussi au gouvernement une renégociation des contrats
conclus avec des compagnies étrangères comme Occidental Petroleum,
Petrobras et Encana Corp, afin d'y accroître la participation de l'Etat.
L'armée a fait usage de gaz lacrymogènes vendredi contre des
manifestants qui essayaient de libérer le maire de la ville de Lago Agrio,
détenu dans un commissariat, a rapporté une station de radio locale.
Le général Gonzalo Mesa a néanmoins affirmé à Reuters que la situation
restait "maîtrisable", ajoutant que l'armée avait repris le contrôle des
aéroports locaux et s'employait à dégager les obstacles placés sur les
pistes.
La production de Petroecuador, qui est passée jeudi de 201.000 barils
par jour à zéro, ne devrait pas revenir à la normale avant le mois de
novembre, a estimé la ministre de l'Economie.
L'Equateur va demander au Venezuela de lui prêter du pétrole afin de
remplir ses objectifs d'exportations, a-t-elle annoncé. Elle n'a pas
précisé le montant de l'emprunt mais a déclaré que le ministre équatorien
des Affaires étrangères, Antonio Parra, en ferait la demande auprès du
président vénézuélien Hugo Chavez vendredi à Cuba.