Pékin poursuit sa quête de pétrole dans le monde
PEKIN (AFP) - Avec une économie en pleine expansion, la soif en énergie
de la Chine semble
insatiable, comme le montre l'acquisition la semaine dernière en Equateur
d'actifs pétroliers par un consortium mené par le géant pétrolier chinois
CNPC. Andes Petroleum, une co-entreprise des sociétés publiques
chinoises CNPC, Sinopec et Sinochem, a mis la main sur des réserves
prouvées de 143 millions de barils de pétrole, une
production de 450.000 barils/jour et une participation de 36% dans un
pipeline de 500 km.
Cette acquisition, suspendue à l'approbation du gouvernement
équatorien, est la dernière illustration de la stratégie de la Chine, importateur net de
pétrole et
deuxième consommateur derrière les Etats-Unis, pour s'assurer
des sources d'approvisionnements en pétrole.
En Amérique
latine, les Chinois ont trouvé un allié au Venezuela, seul membre
latino-américain de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)
et dont les Etats-Unis
sont le principal client. Le mois dernier, le gouvernement du président
Hugo Chavez, bête noire de Washington, s'est fixé comme objectif d'assurer
entre 15 et 20% des importations chinoises de pétrole.
La Chine a
produit 175 millions de tonnes de brut en 2004 et en a importé 117
millions. La production locale devrait atteindre 180 millions cette année.
"En 2010, la moitié des besoins pétroliers de la Chine viendra des
importations, en 2020 jusqu'à 80% des besoins pétroliers de la Chine
dépendront des importations", a estimé un rapport de la Commission
nationale pour la réforme et le développement, principal organe
gouvernemental de planification économique du gouvernement chinois.
"Si les modèles de la croissance économique et du commerce
international chinois ne sont pas rapidement modifiés et si de nouvelles
réserves ne sont pas exploitées localement ou s'il n'y pas d'avancées
technologiques, alors la demande en pétrole et
l'offre seront en déséquilibre, le développement économique et commercial
de la Chine sera en
péril", a averti la Commission.
"L'année dernière, le degré de dépendance de notre pays par rapport
au pétrole
importé est monté à 36%", souligne Lu Mai, responsable d'un centre de
recherches, le China Developmental Research Fund.
"Si les tendances (...) se poursuivent, nous deviendrons rapidement
dépendant des importations pour 50% de notre consommation de pétrole et en
2020 notre demande en pétrole pourrait être de 600 millions de tonnes par
an", met-il en garde.
Dans ce contexte, face aux craintes de certains pays, comme les Etats-Unis, le gouvernement
est monté au créneau.
"Il est n'est vraiment pas nécessaire que le monde réagisse de
façon excessive face à la croissance de la consommation énergétique
chinoise alors que sa dépendance au marché mondial est insignifiant", a
martelé la semaine dernière Zhang Baoyu, vice-ministre de la Commission
nationale pour la réforme et le développement.
Le mois dernier, un autre géant chinois, CNOOC, avait dû abandonner
son projet de racheter le pétrolier américain Unocal, à la suite de
"pressions politiques" des parlementaires américains, estimant qu'une
telle opération compromettrait la sécurité de l'approvisionnement en
énergie des Etats-Unis.
"La communauté internationale devrait également respecter le droit
de la Chine à se
développer et l'aspiration du peuple chinois de se débarrasser de la
pauvreté et de vivre une vie décente et aisée", a déclaré M. Zhang.
"Le gouvernement chinois est très inquiet de ce que des facteurs
politiques viennent interférer dans ce qui devraient être des accord
purement commerciaux guidés par le marché", estime Hou Jixiong, analyste
chez Guotai Junan Securities à Pékin.
"Mais vous ne pouvez pas l'empêcher. Le pétrole sera
toujours un problème politique, regardez Unocal. A mesure que la Chine essaie d'acheter plus
de pétrole en Amérique latine,
cela sera la même chose", dit-il.
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