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Des indépendantistes sur la route du pétrole
L'Expansion 01/04/2005

Une féroce répression frappe les musulmans ouïgours, accusés de vouloir faire sécession. Car le sous-sol du Xinjiang, une région stratégique, regorge d'or noir...

La voix s'élève parfois à l'aube, juste après le premier chant du coq, sur Kachgar assoupie. Un appel à la prière qui sonne ici comme un cri de révolte : voilà trois ans que le chant du muezzin ne résonne plus dans la ville, sur ordre de Pékin. Et s'il arrive qu'un croyant anonyme enfreigne la loi, son invite est rapidement couverte par les chants populaires chinois diffusés par haut-parleurs. A l'instar de toute la province du Xinjiang - « nouvelles frontières », en mandarin -, Kachgar, ville turcophone et musulmane blottie au pied de la chaîne de l'Himalaya, a été mise en coupe réglée. Les larges avenues et les bâtiments en dur gagnent peu à peu sur les maisons en terre séchée et les étroites ruelles de la vieille ville. La place de la mosquée Id Kah a été entièrement repavée. Les vieilles échoppes qui la bordaient ont été rasées et remplacées par des boutiques neuves et vides. Confinés dans un coin de la place, des joueurs de cor et de tambour, habillés de neuf et dûment « labélisés » par les autorités, renforcent encore le côté aseptisé de l'endroit.

Imams et mosquées sont sous haute surveillance

Kachgar et le Xinjiang se sinisent à grande vitesse. Les colons han - de l'ethnie chinoise dominante - sont envoyés par millions dans la région. Eux qui ne représentaient que 6 % de la population locale en 1949 comptent désormais pour plus de 40 %. Aux yeux des autorités, cet ancien carrefour des routes de la soie revêt un intérêt géostratégique vital : les sous-sols du Xinjiang regorgent d'hydrocarbures et la province demeure le passage privilégié des pipelines qui achemineront bientôt vers l'est l'or noir de la Caspienne.

La région est donc contrôlée d'une main de fer par Pékin, déjà peu enclin à plaisanter sur la question de son intégrité territoriale. Car, depuis la fin des années 80, de nouveaux mouvements nationalistes et indépendantistes - essentiellement ouïgours - ont émergé, et les troubles se sont accrus de manière inquiétante. « Après un long black-out médiatique, jusqu'en septembre 2001, le gouvernement chinois a publié une série de documents dépeignant l'opposition ouïgoure comme une force terroriste exogène liée aux réseaux djihadistes transnationaux », explique le chercheur Rémi Castets, auteur d'une étude sur la question ouïgoure publiée par le Centre d'études et de recherches internationales (Ceri). Depuis trois ans, la répression a redoublé contre les militants des mouvements radicaux qui ont promis de transformer le Xinjiang en « bourbier » chinois. Dans les années 90, ces derniers ont multiplié les coups d'éclat pour attirer l'attention sur leur cause, beaucoup moins médiatisée que la question tibétaine. Leur lutte connut l'une de ses journées les plus sanglantes le 25 février 1997, jour des funérailles de Deng Xiaoping, à Ouroumtsi, capitale provinciale : l'explosion de quatre bombes dans des bus fit 9 morts et 74 blessés.

Avec les attentats du 11 septembre 2001, arrestations arbitraires et exécutions publiques se sont accélérées. La chasse aux imams s'est généralisée. A Kachgar, la centaine de mosquées est placée sous surveillance étroite. La pratique religieuse ne faiblit pas, mais les maîtres spirituels se font de plus en plus discrets et préfèrent désormais s'abstenir d'enseigner le Coran. Youssef, 70 ans, y a renoncé depuis deux ans. Il a aussi tiré un trait sur le pèlerinage à La Mecque. Retraité de la société des autoroutes de Kachgar, il redoute que ce voyage ne lui coûte la pension très confortable de 130 euros que lui verse chaque mois son unité de travail.

A l'école, le mandarin est devenu obligatoire

Intimidations et brimades constituent le lot quotidien des populations ouïgoures. « Les Chinois ne sont pas aussi gentils que vous le croyez », confie Ahmed, le cordonnier, avant de s'interrompre brusquement, le regard terrifié, au passage d'un Han. Ahmetjan, le marchand de tapis, raconte avec colère son voyage à Pékin, effectué il y a quelques années pour y vendre certaines de ses plus belles pièces. Une vingtaine d'hôtels lui ont refusé une chambre parce que les Ouïgours sont normalement contraints de loger à 60 kilomètres du centre ; et une femme lui a finalement proposé un lit crasseux, pour le double du prix payé par un Chinois.

Pendant ce temps, le déferlement han se poursuit. Jusqu'à présent, les communautés ouïgoures et han avaient leurs propres écoles. Une décision du gouvernement central a mis fin à ce double système. L'enseignement du mandarin est obligatoire partout. « Renoncer au ouïgour, c'est renoncer à sa culture, à sa religion... c'est trahir son Dieu ! » s'exclame Ahmetjan. Le jeune marchand de tapis voit son avenir bien sombre. Que signifie pour lui le lobbying intense qu'exerce auprès de la Maison-Blanche le Congrès mondial ouïgour, présidé par Erkin Alptekin, militant très charismatique et occidentalisé, proche du dalaï-lama ? A Kachgar, il ne voit que la milice chinoise, de plus en plus présente, de plus en plus pressante. Si les choses ne s'arrangent pas, il partira pour Ouroumtsi, la très moderne et très chinoise capitale provinciale. Là-bas, de la vieille ville ouïgoure ne subsistent plus que quelques rues « très sales, où l'on vend des chaussures et des vieilles chaussettes ». Mais au moins, perdu dans la masse des 2 millions d'habitants, vous avez bon espoir d'échapper au harcèlement policier.



Gilles Fontaine

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