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Notre édition du Vendredi, 23/12/2005





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La nappe de benzène à Khabarovsk, les autorités se veulent rassurantes

La nappe polluante de benzène venue de Chine par le fleuve Amour a atteint jeudi l'agglomération de Khabarovsk, mais les autorités de cette grande ville de l'Extrême-Orient russe, se voulant rassurantes, affirment que la concentration en produits toxiques est faible et ne présente aucun danger.

La nappe est »sur le territoire de la région» de Khabarovsk et »les eaux polluées vont traverser la ville pendant 3 ou 4 jours», a déclaré le gouverneur régional Viktor Ichaev à la radio locale.

Mais les concentrations de produits toxiques enregistrées dans la région sont »largement en dessous des normes dangereuses», et, dans la ville même, elles sont encore plus faibles, a assuré Valentina Zozoulina, spécialiste en chef au laboratoire de l'Institut de tectonique et de géophysique, citant respectivement les chiffres de 0,5 mg/l et de 0,1 mg/l.

Selon Mme Zozoulina, dont les équipes effectuent des prélèvements »toutes les trois heures», le gros de la nappe est attendu samedi dans la ville.

»Après épuration (par un filtre), cette eau est sans danger pour les habitants», a assuré à l'AFP la spécialiste en chef.

La télévision locale indiquait toutefois qu'en certains endroits le fleuve Amour dégageait des effluves nauséabondes.

Depuis le début du mois, écologistes et experts alertent les autorités sur les répercussions à long terme de cette pollution sur la santé humaine, la chaîne alimentaire et l'écosystème de la région.

»Il faut déjà penser à des conséquences à long terme. Il faut unir les efforts des experts russes, chinois et internationaux pour assurer une surveillance de la nappe», avait notamment souligné Iouri Darman, responsable du Fonds mondial pour la nature (WWF) dans l'Extrême-Orient russe.

Dans l'immédiat, les autorités locales ont décidé d'interdire pour un an la vente de poissons du fleuve Amour.

Et sur les marchés de la ville, les vendeuses qui proposaient jeudi leurs poissons assuraient qu'ils avaient été importés de Vladivostok, le grand port des bords de la mer du Japon.

La nappe toxique venue de Chine par la rivière Songhua, puis le fleuve Amour, après l'explosion d'une usine chinoise de produits chimiques le 13 novembre, atteint pour la première fois, depuis son entrée sur le territoire russe la semaine dernière, un foyer de population de l'importance de Khabarovsk (600.000 habitants).

Les habitants, qui ont fait des réserves d'eau depuis des jours, ont cependant accueilli dans le calme la nouvelle de l'arrivée de cette nappe comportant des éléments de benzène, de nitrobenzène, d'aniline et d'autres produits toxiques.

Le benzène, un solvant inflammable et toxique, est classé comme cancérigène par l'Union européenne. Volatile, il devrait avoir diminué en concentration dans la nappe, selon le ministère russe des Situations d'urgence.

En revanche, le nitrobenzène, liquide huileux, incolore ou jaune pâle à l'odeur caractéristique d'amande amère, pourrait être présent en plus grande quantité. Si son caractère cancérigène n'est pas prouvé, il semble avoir des conséquences sur la fertilité et le fonctionnement du foie.

Selon un photographe de l'AFP sur place, la population se rendait même moins que les jours précédents aux points de distribution d'eau potable établis dans la ville.

La nappe de benzène s'étire sur près de 190 km en territoire russe. La ville de Komsomol-sur-Amour (400.000 habitants) doit être ultérieurement touchée.

Cet incident a accouché d'une coopération relativement inédite entre la Chine et la Russie, avec notamment le spectacle de la construction par des milliers d'ouvriers chinois et russes d'une digue de sable et de ferraille pour empêcher l'avancée du benzène.