La nappe de benzène à Khabarovsk, les autorités se
veulent rassurantes
La nappe polluante de benzène venue de Chine par le fleuve
Amour a atteint jeudi l'agglomération de Khabarovsk, mais les
autorités de cette grande ville de l'Extrême-Orient russe, se
voulant rassurantes, affirment que la concentration en produits
toxiques est faible et ne présente aucun danger.
La nappe est »sur le territoire de la région» de Khabarovsk
et »les eaux polluées vont traverser la ville pendant 3 ou 4 jours»,
a déclaré le gouverneur régional Viktor Ichaev à la radio
locale.
Mais les concentrations de produits toxiques enregistrées
dans la région sont »largement en dessous des normes dangereuses»,
et, dans la ville même, elles sont encore plus faibles, a assuré
Valentina Zozoulina, spécialiste en chef au laboratoire de
l'Institut de tectonique et de géophysique, citant respectivement
les chiffres de 0,5 mg/l et de 0,1 mg/l.
Selon Mme Zozoulina, dont les équipes effectuent des
prélèvements »toutes les trois heures», le gros de la nappe est
attendu samedi dans la ville.
»Après épuration (par un filtre), cette eau est sans danger
pour les habitants», a assuré à l'AFP la spécialiste en
chef.
La télévision locale indiquait toutefois qu'en certains
endroits le fleuve Amour dégageait des effluves
nauséabondes.
Depuis le début du mois, écologistes et experts alertent les
autorités sur les répercussions à long terme de cette pollution sur
la santé humaine, la chaîne alimentaire et l'écosystème de la
région.
»Il faut déjà penser à des conséquences à long terme. Il faut
unir les efforts des experts russes, chinois et internationaux pour
assurer une surveillance de la nappe», avait notamment souligné
Iouri Darman, responsable du Fonds mondial pour la nature (WWF) dans
l'Extrême-Orient russe.
Dans l'immédiat, les autorités locales ont décidé d'interdire
pour un an la vente de poissons du fleuve Amour.
Et sur les marchés de la ville, les vendeuses qui proposaient
jeudi leurs poissons assuraient qu'ils avaient été importés de
Vladivostok, le grand port des bords de la mer du Japon.
La nappe toxique venue de Chine par la rivière Songhua, puis
le fleuve Amour, après l'explosion d'une usine chinoise de produits
chimiques le 13 novembre, atteint pour la première fois, depuis son
entrée sur le territoire russe la semaine dernière, un foyer de
population de l'importance de Khabarovsk (600.000
habitants).
Les habitants, qui ont fait des réserves d'eau depuis des
jours, ont cependant accueilli dans le calme la nouvelle de
l'arrivée de cette nappe comportant des éléments de benzène, de
nitrobenzène, d'aniline et d'autres produits toxiques.
Le benzène, un solvant inflammable et toxique, est classé
comme cancérigène par l'Union européenne. Volatile, il devrait avoir
diminué en concentration dans la nappe, selon le ministère russe des
Situations d'urgence.
En revanche, le nitrobenzène, liquide huileux, incolore ou
jaune pâle à l'odeur caractéristique d'amande amère, pourrait être
présent en plus grande quantité. Si son caractère cancérigène n'est
pas prouvé, il semble avoir des conséquences sur la fertilité et le
fonctionnement du foie.
Selon un photographe de l'AFP sur place, la population se
rendait même moins que les jours précédents aux points de
distribution d'eau potable établis dans la ville.
La nappe de benzène s'étire sur près de 190 km en territoire
russe. La ville de Komsomol-sur-Amour (400.000 habitants) doit être
ultérieurement touchée.
Cet incident a accouché d'une coopération relativement
inédite entre la Chine et la Russie, avec notamment le spectacle de
la construction par des milliers d'ouvriers chinois et russes d'une
digue de sable et de ferraille pour empêcher l'avancée du
benzène. |